La Grande Interview: Asfar Shamsi

La Grande Interview, c’est l’occasion de découvrir un lieu significatif pour la rappeuse et sa musique. Aujourd’hui Asfar Shamsi m’a proposé de discuter chez elle, là où sa musique et sa créativité prennent vie…
 

  • Est ce que tu peux te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas?

Je m’appelle Julia, j’ai 23 ans, je suis née en 1998, l’année de la Coupe du Monde (fierté dans la voix). Je viens de Strasbourg, c’est ma ville de cœur… Après j’ai bougé pour mes études et je suis restée pour mon travail ici, à Paris.

  • C’est quoi ton travail à côté de la musique? Et ça te plaît?

Je suis consultante en politique éducative. Le sujet de fond m’intéresse mais après ma passion ça reste la musique et je pense que je n’aurais jamais la satisfaction du travail si ce n’est pas ma passion. C’est pourquoi j’essaye de faire de plus en plus de musique en dehors du travail, de manière plus poussée… Je veux réaliser quelque chose de plus propre à long terme et plus professionnalisant pour ma musique.

De base, je m’étais toujours dis que la musique était un truc que je faisais à côté, aussi parce que je trouvais qu’il y avait un manque d’humilité à dire que je faisais ça de façon sérieuse… Je me suis toujours dis « Je finis mes études, c’est ça le plus important, et ensuite peut-être que je pourrais prendre la liberté de faire quelque chose qui me plaît ». Sauf que maintenant que je me suis mise à travailler, je me suis rendue compte que ça n’allait pas suffire à m’épanouir. C’est donc maintenant ou jamais si je veux commencer à entreprendre quelque chose de plus sérieux avec ma musique.

  • Est ce que ton inscription au concours RappeuZ va aussi dans cette perspective?

Oui c’est dans cette perspective là. Jusque là ce que je faisais avec ma musique je le prenais pas vraiment au sérieux, c’était seulement des freestyles avec mes potes. Après j’ai commencé à enregistrer mes sons et à mixer. Au fur et à mesure j’ai réussi à faire des choses un peu plus propre que j’ai déposé sur Soundcloud. Maintenant j’arrête de faire ça et je travaille complètement sur un projet de six sons.

Ce petit projet est prêt. J’ai commencé seule chez moi à le maquetter. Mon objectif était aussi de sortir, de rencontrer du monde, de m’ouvrir et d’apprendre des autres… J’ai ainsi rencontré mes deuc acolytes Loufox et Wolby. Ils ont co-composé les instrus à partir de ce que j’avais créer.

  • Tu as commencé le rap quand?

De base j’ai commencé la musique avec la guitare, j’ai fais un peu de Conservatoire mais j’ai arrêté. La façon de penser la musique au Conservatoire m’a un peu dégoûté… Il n’y avait pas le côté créatif qui m’intéressait, j’ai toujours aimé écrire à côté.

Je me suis donc remise à la musique avec le rap que j’ai découvert super tard. Quand j’étais petite c’était une musique que je n’aimais pas du tout. Ma famille considérait que ce n’était pas de la musique. J’ai redécouvert le rap plus tard, vers l’adolescence et je me suis grave trouvée là dedans, le rap m’a aidé.

J’ai commencé à écrire au lycée surtout avec des potes à Strasboug. On m’était des prods de bumbap dehors le soir pour freestyler. Mais quand j’ai quitté cette ville pour mes études, je n’ai retrouvé personne qui faisait du rap et je ne me sentais pas autant en confiance avec mes nouveaux potes. C’est donc à partir de là que j’ai commencé à acheter un micro, à enregistrer mes sons, à les structurer un peu plus… Etre seule m’a aussi permis de trouver mon univers et mon identité musicale.

  • Je vais poser une question qui en intrigue plus d’un il me semble mais quelle est l’histoire avec Corneille? Qui est-il? Il était d’ailleurs présent pendant ton audition RappeuZ.

Corneille c’est l’homme de ma vie (rires). Je peux pas dire que c’est mon doudou préféré parce que j’aime tous mes doudous mais c’est quand même celui avec qui je partage la plus grande partie de ma vie. Déjà on dort ensemble, on partage le même lit mais je pense qu’on a une relation purement amicale (rires)

De base c’est mon doudou. Jusque là, je ne faisais que de la musique dans ma chambre, ça fait pas longtemps que je sors de chez moi pour ça. Donc quand je fais de la musique dans ma chambre je suis entourée de tous les objets qui me rassurent dont Corneille. J’aime bien quand il est présent avec moi.

Quand j’ai commencé à faire quelques scènes j’ai ramené Corneille, parce que déjà c’est ma mascotte et parce qu’en plus l’avoir avec moi me met grave en confiance, c’est vraiment un truc d’enfant bête mais qui me rassure.

  • Tu fais des scènes?

Je commence à faire des scènes depuis pas longtemps, à peu près au même moment que mon audition RappeuZ, environ depuis deux, trois mois.

J’ai surtout fais dans des bars, je fais aussi quelques open mic.

  • Est ce que t’as un rituel avant de monter sur scène?

J’essaye de me réchauffer la voix vite fait mais je sais pas vraiment comment faire alors je fais ce que j’imagine qu’il faut faire. Après en générale je bois une petite bière ou un petit vers de gin. Pour finir je regarde Corneille et je me dit, « Qu’est ce qu’il est beau… », je lui fais une petite caresse sur ses oreilles et là c’est parti (rires).

  • Quel serait ton feat de rêve?

Ça aurait été Nepal. C’est un artiste qui m’inspire beaucoup. Le premier artiste qui m’a fait découvrir le rap a été Guizmo, mais toute la 75ème session et surtout Nepal sont ceux que j’ai toujours beaucoup écouté, aujourd’hui encore…

  • Quels sont les lieux/horaires où tu te sens le plus productive pour écrire?

Le soir assez tard, quand il fait nuit. Je suis capable d’écrire à d’autres moments, mais le soir je peux par exemple faire de la musique de 22h à 3h sans voir le temps passé. Mon cycle de sommeil est passé et j’ai comme un pique d’énergie qui me permet d’être productive. Et l’endroit où je préfère c’est ma chambre.

Justement Julia m’emmène jusqu’à sa chambre, découvrir son lieu de création musicale. Une ambiance réconfortante m’a tout de suite enveloppée, une chambre lumineuse, calme, qui sent bon l’iris, des doudous bien installés sur le lit de la rappeuse et plusieurs objets qu’elle a choisi de me présenter…

« J’ai vécu un an au Liban et j’ai eu un coup de cœur. En fait Strasbourg c’est mon ter-ter et ma ville de cœur c’est sûrement Beyrouth. C’est donc pour ça que j’ai beaucoup de de livres sur le pays, ça me rappelle ma période là bas, mais surtout pas les livres d’histoires. Je pense que le Liban me manque mais que les livres d’histoire aborde le pays de façon très froides. Je recherche plus des choses de la vie quotidienne comme les odeurs et les bruits et certains livres m’aident à m’en rappeler comme celui là. » Elle me tend un livre se nommant Laban et confiture

Au vu de toutes les peluches animaux de sa chambre je lui demande si elle a un animal de compagnie. « Non, mais j’aimerais tellement avoir un chien. Peut-être un jour, quand je serais riche, c’est pour ça qu’il faut d’abord que je devienne une stard (rires). D’ailleurs regarde cette chemise là c’est ma chemise chien. » dit-elle en enfilant le vêtement.

Les animaux sont d’ailleurs également présent sur de nombreuses parties de son corps sous forme de tatouages.

Alors que je me penche vers les iris Asfar Shamsi me raconte: « Ma grand-mère est décédée récemment et on allait la voir régulièrement car elle était malade. Elle habite dans le sud ouest dans un village paumé entouré de nature, notamment d’iris sauvages et ma mère en a cueilli pour en faire un bouquet. Avant je connaissais pas mais depuis ce jours j’aime bien les iris. »